Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/14

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de tout contact avec l’art qui découle d’elle. La peine est grande de part et d’autre ; et ce n’est pas sans péril qu’on tente un isolement que la nature permet, sans doute, mais qu’elle ne fait point. La science n’est que selon l’homme tout seul ; l’art est bien plus selon la nature : et c’est là ce qui donne à la science une supériorité que l’art ne peut revendiquer pour lui.

Des logiciens de nos jours, même des plus instruits et des plus graves, ont traité cette question avec une légèreté qu’elle ne mérite pas. « La logique est-elle une science ? est-elle un art ? vain débat selon eux, simple affaire de définition, dispute de mots. Il n’y a point d’art qui ne soit une science, point de science qui ne soit un art : et fixer ici des limites est un soin aussi peu utile qu’il est embarrassant. » De quelque autorité que cette opinion s’appuie, on ne peut l’admettre. La question est l’une des plus importantes qu’on puisse agiter en ces matières. Si la logique est une science, on ne lui demandera que ce qu’une science peut donner, et si elle le donne, son devoir sera rempli : la logique sera justifiée aux yeux du sens commun, comme aux yeux de la philosophie ; elle tiendra dans le domaine de l’intelligence sa juste place, et lui rendra tous les services qu’on est en droit d’attendre d’elle. Si la