Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/9

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siècles antérieurs, ne s’en est pas ému : il a continué ses heureux travaux, sans demander à la logique des secours dont il ne sentait pas le besoin ; et nous ne voyons pas que les sciences en aient moins rapidement avancé. Le désordre, plein de vie d’ailleurs, que leur vaste domaine présente à l’observation attentive du philosophe, tient à bien des causes, parmi lesquelles l’abandon des études logiques peut compter, mais n’occupe pas certainement une place très-considérable.

L’histoire, interrogée jusque dans ses témoignages les plus récents, nous prouve donc que la logique n’a point, sur les destinées de l’intelligence, cette influence souveraine qu’on s’est plu quelquefois à lui attribuer, et qu’une philosophie circonspecte ne peut pas, en effet, lui reconnaître. Pour nous, et par l’oubli même où notre temps a laissé les études logiques, il nous serait difficile de dire, d’après un examen direct, ce qu’elles pourraient avoir d’utile pour l’éducation et le gouvernement des esprits. De logiciens, il n’y en a plus, bien que ce titre ait pu être usurpé par quelques écrivains éloquents, raisonnant fort bien sans doute, mais profondément ignorants de toutes les règles qu’ils employaient avec tant de succès. À défaut d’exemples contemporains, nous pouvons le demander à Montaigne, nous