Page:Aristote - Histoire des animaux - traduction Jules Barthélemy Saint-Hilaire.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

§ 11[1]. Le phoque est une sorte de quadrupède tronqué. Il a des pieds qui tiennent directement à l’omoplate, et ces pieds sont tout comme des mains, de même que les pieds de l’ours ressemblent aussi à des mains. Les pieds du phoque ont cinq doigts, et chaque doigt a trois flexions et un ongle assez petit. Les pieds de derrière sont également à cinq doigts ; leurs flexions et leurs ongles sont pareils à ceux de devant ; mais quant à la forme, ils se rapprochent beaucoup de la queue des poissons.

§ 12[2]. Les quadrupèdes et les animaux qui ont plus de quatre pieds se meuvent toujours en diamètre ; et c’est ainsi qu’ils maintiennent leur équilibre. C’est par les parties droites que la marche commence. Le lion et les deux espèces de chameau

  1. Le Phoque. On ne voit pas bien comment le phoque figure ici, et l’analogie qu’il peut avoir avec les animaux dont il vient d’être question. — Une sorte de quadrupède tronqué.… L’expression est juste ; et bien que les quatre pieds du phoque se rapprochent des nageoires, ils ressemblent assez bien à ceux des quadrupèdes, à cause des doigts et des ongles qui sont très apparents. — Ces pieds sont tout comme des mains. Ceci est moins exact ; et il ne paraît pas que le phoque puisse rien prendre avec ses pieds de devant non plus qu’avec ceux de derrière. — Les pieds de l’ours… Ici encore le rapprochement est un peu forcé. L’ours a aussi cinq doigts à tous les pieds ; mais on ne peut pas dire que ses pieds de devant soient des mains précisément. — Ces pieds ont cinq doigts. Ceci se rapporte au phoque. — Ils se rapprochent beaucoup de la queue des poissons. Entre les pieds de derrière, le phoque a une véritable queue, qui d’ailleurs est très-courte. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 167. Le phoque est un mammifère, carnassier et amphibie.
  2. En diamètre. J’ai conservé la formule grecque ; mais on pourrait aussi traduire « En croix », comme l’ont fait quelques auteurs. — C’est ainsi qu’ils maintiennent leur équilibre. On pourrait traduire aussi en se tenant plus près du texte : « Et c’est aussi la position qu’ils ont dans la station ». J’ai préféré la première nuance. — Que la marche commence. Ceci n’est peut-être pas un fait constant. Chez l’homme où le mouvement des bras et celui des jambes se croisent aussi, la marche peut commencer indifféremment par l’un ou l’autre côté. Le cheval part toujours de la jambe droite. Voir Buffon, ch. du Cheval, page 25, éd. de 1830. — Les deux espèces de chameau. Le chameau de la Bactriane a deux bosses ; et il est beaucoup plus robuste que celui d’Arabie, qui n’a qu’une seule bosse. On donne plus particulièrement à ce dernier le nom de dromadaire. Les deux races s’accouplent et produisent ensemble aussi bien que séparément. Voir plus loin ch. II, § 9. Buffon approuve tout à fait la distinction faite par Aristote : Mammifères, tome III, p. 390. — Avancent membre à membre. Il semble qu’Aristote veut ici indiquer l’amble ; mais il ne paraît pas que ce soit l’allure naturelle, ni du lion, ni du chameau. Pline, Histoire naturelle, liv. XI, ch. CV, p. 467, édit. E. Littré, copie ce passage d’Aristote et dit : « Le lion et le chameau, seuls parmi les animaux, marchent de façon que le pied gauche ne dépasse pas le pied droit, mais reste en arrière. » Ceci se rapporte aussi à l’amble. Pline répète seulement que « tous les animaux se mettent en marche par le côté droit. »