Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1105

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qu’un disait que la vraie manière de conserver la santé, c’est de n’user jamais que de choses bien saines. Certainement ce conseil serait fort obscur ; et si je parlais ainsi, l’on me dirait : « Indiquez précisément les choses saines que vous recommandez. »

§ 2. De même aussi pour la raison, on peut demander également : Qu’est-ce que la raison ? et quelle est la droite raison ? Pour répondre à cette question, le premier soin peut-être qu’il faut prendre, c’est de bien spécifier la partie de l’âme dans laquelle se trouve la raison, que l’on cherche.

§ 3. Antérieurement et dans une simple esquisse sur l’âme, on a vu qu’il y a en elle une partie qui est douée de la raison et une autre qui est irrationnelle. A son tour, la partie de l’âme qui est douée de la raison, se divise en deux autres parts qui sont la volonté, et l’entendement, qui est capable de science. Que ces parties de l’âme soient différentes l’une de l’autre, c’est ce qui est évident par la différence même de leurs objets.

§ 4. De même que ce sont des choses très différentes entre elles que la couleur, la saveur, le son et l’odeur, de même aussi la nature n’a pas manqué de leur attribuer des sens spéciaux et divers. Nous percevons le son par l’ouïe ; la saveur, par le goût ; la couleur, par la vue. On doit supposer que la même loi s’applique à tout le reste ; et puisque les sujets sont diffé-