Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/116

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cvi PRÉFACE.

dire la passion ou l'intérêt dans leurs avcuglemeuls. Ce système, tout idéal qu'il est, n'en est pas moins encore le seul pratique; et les dangers que l'on court quand ou s'en écarte, sont en proportion de l'éloigneraent où l'on s'en tient.

Je termine ici ce que j'avais à dire du système de Platon, et je passe à celui d'Aristote.

Nous entrons avec lui dans un tout autre monde, et bien que nous restions encore dans une sphère très-élevée, nous aurons beaucoup à descendre. L'esprit grec est à son apogée avant Philippe et Alexandre; et la Grèce, qui est sur le point de perdre sa liberté, va commencer cette longue décadence qui, de chute en chute, durera encore plus de mille ans, et toujours au grand profit de l'intelligence humaine. Je ne dis pas qu'Aristole soit déjà sur la pente latale; et à bien des égards, son vaste génie n'a pas de supérieurs, si même il a des égaux. iMais en morale, il est bien loin de son maître ; et il est sorti de ces régions sereines où pendant vingt ans il avait pu être guidé par lui. Il connaît prolbndément la vie, et les tableaux qu'il en trace sont de la plus rare exactitude. Mais il ne s'élève point assez au-dessus d'elle. Ou dirait qui! croit sullisanl de la peindre,

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