Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1225

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composent l’ensemble de la vertu. A son point de vue, il avait raison, puisqu’il pensait que toutes les vertus sont des sciences, et qu’on devait du même coup connaître la justice et être juste, comme c’est aussi du même coup que nous apprenons l’architecture ou la géométrie, et que nous sommes architectes ou géomètres. Il étudiait donc la nature de la vertu, sans s’inquiéter comment elle s’acquiert ni de quels éléments réels elle se forme. § 16[1]. Ceci se présente en effet dans toutes les sciences purement théoriques. Ainsi l’astronomie, la science de la nature, la géométrie n’ont point absolument d’autre but que de connaître et d’observer la nature des objets spéciaux de ces sciences ; ce qui n’empêche pas qu’indirectement ces sciences ne puissent nous être utiles pour une foule de besoins. § 17[2]. Mais dans les sciences productives et d’application, le but qu’elles poursuivent est différent de la science et de la simple connaissance qu’elles donnent. Par exemple, la santé, la guérison est le but de la médecine ; l’ordre, garanti par les lois ou quelqu’autre chose

  1. Ceci se présente. Cette digression semble en quelque sorte une réponse à ce qui précède, et comme une demi-justification de Platon.
  2. Productives et d’application. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Le but qu’elles poursuivent. Voir la Morale à Nicomaque, livre I, ch. 1, § 2 ; et plus loin, dans ce même traité de la Morale à Eudème, livre VII, ch. 13.