Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/124

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lois un èlro dépravé et malheureux. Mais il n'est pas moins évident que la vertu à elle seule ne tait pas le bonheur, et le philosophe en atteste, avec toute vérité, et l'expérience de la vie, et l'opinion commune, à laquelle il semble tenir beaucoup plus qu'il ne con- vient. Il laut lui accorder que la vertu est très-loin de suffire au bonheur, tel que le vulgaire l'entend ; et que réduite à ses propres ressources, elle fait, aux yeux de la foule, une assez triste figure. Aussi, à cette condition première, Aristotc enjoint bien d'autres. 11 trouve qu'il est très-difficile d'être heureux, quand on est dénué de tout ; et que ce sont des instruments indispensables que les amis, la richesse et l'influence politique. Voilà déjà bien des choses. Mais comme il en est beaucoup d'autres dont la privation altère le bonheur de ceux à qui elles manquent, il faut joindre à ces premiers éléments nécessaires pour être heu- reux, la noblesse de la naissance, une honorable famille et même la beauté : « En effet, dit assez juste- » ment Aristote, on ne peut pas affirmer d'un homme » qu'il soit heureux, quand il est d'une difformité >' repoussante, quand il est d'une mauvaise nais- >> sauce, ou (juand il est isolé et sans enfants, ni )• même quand ses enfants et ses amis sont d'une " perversité incurable. » Ce n'est pas même tout

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