Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

324 MORALE A EUDÈME.

n'en est pas un d'eux qu'on puisse réellement citer comme éprouvant quelque jouissance à contempler de belles choses, ou à entendre des sons harmonieux, à moins qae ce ne soit quelque cas prodigieux. Il ne paraît pas non plus qu'ils tiennent le moindre compte des bonnes ou des mauvaises odeurs ; et cependant, les animaux ont en général toutes les sensations bien plus délicates que les hommes ne les ont. § 11. On peut remarquer en outre qu'ils ne prennent plaisir qu'à ces odeurs qui attirent indirectement et non pas par elles-mêmes. Quand je dis par elles-mêmes, j'entends les odeurs dont nous jouissons autrement que grâce à l'espérance ou au souvenir. Par exemple, l'odeur de tous les aliments qu'on peut manger ou boire ne nous affecte qu'indirectement. Nous en jouissons en effet par des plaisirs autres que les leurs, qui sont ceux de boire ou de manger. Quant aux odeurs qui nous channent par elles-mêmes, ce sont, par exemple, les odeurs des fleurs. Aussi, Stratonicus avait-il raison de dire : (( Que parmi les odeurs, les imes avaient un beau parfum ; et les autres un parfum agréable. » § 12. Du reste, les animaux ne jouissent pas en fait de goût d'un plaisir aussi complet qu'on pourrait le croire. Ils ne

��sensations. Il faudrait dire plutôt : directement. J'ai ajouté ces mots

«quelques sensations». pour rendre la pensée tout à fait

§11. Ces odeurs qui attirent in- claire. — Stratonicus. Ce n'est

directement. Voir sur la théorie de point un auteur qui ne serait pas

l'odeur et de l'odorat, le Traité de connu autrement que par ce pas-

l'âme, livre II, cli. 9, p. 227 de ma sage; c'est sans doute le musicien

traduction; et le Traité de la Sensa- dont Athénée, p. 3A7, rapporte

lion et des choses sensibles, ch. 5, quelques bons mots. Il est d'ailleurs

p. 59, id. — Ne nous affecte qiCin- peu célèbre.

�� �