Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1385

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LIVRE VTl, CH.

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��n'ait pas encore essayé celle qui est meilleure, on fera bien d'essayer cette dernière. Mais il ne faut pas aller prendre un inconnu dont on ignore encore s'il vaut mieux, à la place d'un ancien ami; Il n'y a pas d'ami sérieux sans épreuve ; l'ami n'est pas l'aflaire d'un seul jour ; et il y faut bien du temps. De là vient ce proverbe bien connu du Boisseau .de sel, c'est-à-dire qu'il faut avoir mangé un boisseau de sel avec quelqu'un avant d'en répondre. § h7. C'est qu'il ne faut pas simplement que l'ami soit bon d'une manière absolue ; il faut encore qu'il soit bon pour vous ; sans cela, cet aminé deviendrait pas votre ami. On est bon, absolument parlant, par ce seul motif qu'on est bon; mais on n'est ami que parce qu'on est bon aux yeux d'un autre. On est absolument bon et absolument ami, quand ces deux conditions se rencontrent et s'accordent ; à savoir que ce qui est abso- lument bon le devienne aussi relativement à un autre. Et par suite, ce qui est absolument bon devient utile à un autre, pourvu que cet autre, sans être absolument bon lui-même, le soit cependant pour son ami. $ l\S. Être l'ami de tout le monde empêche même d'aimer ; car il

��§ i6. Aller prendre un inconnu. Les cœurs qui chanc;ent si vite et si aisément d'affection, ne sont guère capables d'une réelle amitié. — Du Boisseau de sel. Voir la Morale à Ni- comaque, livre VIII, ch. 3, § 8.

§ lil. Qu'il soil bon pour vous. Il est en elTet dis gens qu'on estime profondément sans les aimer. On rend justice à leur vertu sans on fnire usage. CYst qu'ils sont bons

��absolument, sans être bons pour vous. — Qu'autant qu'il est utile. On comprend bien dans quel sens est pris ici le mot d' «utile». La vertu qu'on reconnaît et qu'on admire dans un autre, peut ne pas être à votre usage, si cet autre n'est pas votre ami. Le texte de tout ce pas- sage est fort altéré ; et les manuscrits ne donnent aucun secours.

§ 48. Jûrc l'ami de tout le monde.

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