Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1444

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ÛAO MORALE A EUDÈME.

antre côté, on doit en amitié ne pas penser uniquement à soi ; et voilà comment on veut éviter à son ami toute participation au mal qu'on endure. Il suffît qu'on soit seul dans la peine ; et l'on ne voudrait pas paraître ne songer qu'à soi égoïstement, en achetant son plaisir au prix de la doulenr d'un ami. Il est vrai que les maux sont plus légers quand on n'est pas seul à les supporter ; et, comme il est naturel qu'on désire d'être heureux, et d'être ensemble , il est clair qu'on préfère se réunir, dût le bien qu'on espère être moins grand, plutôt que d'être séparé avec un plus grand bien. § 21. Mais comme on ne peut pas savoir au juste tout ce que vaut la vie commune, les avis diffèrent sur ce point. Les uns pensent que l'amitié consiste à tout partager sans aucune exception, parce qu'il est bien plus agréable, disent-ils, de dîner ensemble, en supposant même qu'on ait des deux parts un aussi bon repas. D'autres, au contraire, ne veulent pas que leur ami partage leur peine ; et l'on peut convenir qu'ils ont raison ; car en poussant les choses à l'extrême, on en arriverait à soutenir qu'il vaut encore mieux souffrir affreusement ensemble, que d'être même très-heureux séparément.

§ 22. Les mêmes perplexités à peu près se présentent

��un peu reclierchée et ((ui n'est pas § 21. Savoir au juste tout ce que

jusl!'. Pour le plaisir de voir son ami, vaut la vie commune. Il n'y a que Its

on ne peut consentir à causer son amis eu.v-mêmt's qui le sachent, < 1

malheur. C'est d'ailleurs ce que l'au- qui sachent aussi tous les sacrifices

teur lui-même reconnaît quelques qu'il leur convient de faire pour la

l'gnes plus loin. — Ou préfère se conserver. — Eu poussant les choses a

réunir. Quand il ne doit en résulter l\'xtrcmc. Ce serait eu effet exagérer

qu'un mal de peu d'inipor lance. e.vcessivcuient les choses, et il n'y a

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