Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/226

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Kant, dans sa haute estime pour la nature humaine, est persuadé que « l’exhibition de la pure vertu, » comme il dit, a bien plus de puissance sur l’âme que l’attrait du bonheur, de quelque séduction qu’on l’entoure, plaisir, intérêt, crainte de la douleur et du mai, etc. Selon lui, il suffît de montrer à l’homme le devoir dans toute sa pureté, dégagé de tout motif intéressé, pour qu’il le reconnaisse, et même pour qu’il s’y soumette, non pas seulement dans ses actes, mais encore dans ses intentions. « S’il en était autrement, dit-il, la représentation de la loi ayant besoin » de moyens détournés de recommandation, il n’y » aurait jamais d’intention vraiment morale. Tout » serait pure dissimulation. La loi serait haïe ou même » méprisée, et on ne la suivrait que par intérêt ; et » comme, malgré tous nos efforts, nous ne parvenons » jamais à nous dépouiller entièrement de notre n raison dans nos jugements, nous nous regarderions » inévitablement nous-mêmes comme des êtres sans >) valeur, tout en cherchant à compenser la peine que » nous infligerait le tribunal intérieur, par la jouissance des plaisirs qu’une loi naturelle ou divine, > admise par nous, aurait liés, suivant notre opinion, " à un mécanisme de police morale réglé uniquement » sur des actions, et non sur les motifs par lesquels