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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/309

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PRÉLIMINAIRE. ccr.i

n'est pas tout à fait digne de la concision et de la netteté aristotéliques, on peut trouver que c'est pousser bien loin la liberté des conjectures que de retrancher ce morceau à l'ouvrage d'Aristo te pour le donner à l'ouvrage d'Eudème. Ces dislocations de textes, à moins qu'elles ne soient appuyées sur des autorités irrécusables, ou qu'elles ne soient impérieusement exigées par la raison, sont bien dangereuses ; et c'est une imprudence peut-être que de se les permettre. Un auteur n'est pas tenu d'être toujours parfaitement égal à lui-même; et le génie le plus puissant peut avoir plus d'une fois des défaillances. Pour Aristote en outre, on sait assez quel a été le destin de ses ouvrages. 11 n'a pu les revoir lui-même, avant qu'ils ne fussent livrés aux regards et à l'étude du public ; il les laissait dans un grand désordre, qu'accroissait encore son indif- férence naturelle, et peut-être excessive, pour la forme dont il révêtait ses pensées. Si plus tard la révision d'un Andronicus de Rhodes a été si nécessaire, elle a dû être fort difficile ; et les imperfections qu'elle a laissé sid)- sister sont assez pardonnables. Les raisons données par jM. Fischer pour justifier un changement de ce genre ne sont pas suffisantes.

On en peut dire autant de celles qui le décident à faire d'Eudème un adversaire de son maître. Sans doute, la première théorie du plaisir n'est pas en complet accord avec la seconde. Mais la divergence n'est pas aussi frap- pante qu'on la fait ; et il est bien possible qu'après avoir incliné à la doctrine qui trouve le souverain bien dans le plaisir, entendu en un sens large et élevé, Aristote soit revenu ensuite à des principes un ]^u plus sévères. La

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