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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/32

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xMi PRÉFACE.

plus en plus inébranlable et fécond. Les conviclions de la conscience s'afifermissent à mesure qu'elles s'exercent ; et, dans cet échange d'obéissance con- sentie d'une part, et de force communiquée de l'autre, l'homme prend à ses propres yeux une valeur qu'il ne se connaissait pas, et que son humilité la plus sincère peut accepter, parce^qu'il en place l'origine au-dessus de lui. C'est là qu'il puise ce sentiment étrange et noble qui se nomme le respect de soi, gage assuré du respect que lui devront et que lui donneront ses semblables et qu'il leur rendra.

En comparaison de ces biens intérieurs et sans prix, de ces biens divins, comme disait Platon, les biens du dehors sont assez peu estimables. Ils sont à sacrifier sans* hésitation, si ce n'est sans dou- leur, à des biens qu'ils ne valent pas. La fortune, la santé, les affections, la vie même ne tiennent point : on les immole, s'il le faut, pour conserver ce qui est an-dessus d'elles. On ne peut pas les préférer à ce qui seul leur confère quelque prix :

Ncc propter vitam viccndi pcrdcrc causas.

Pour une àme éclairée et suffisamment énergique, tous les biens se subordonnent dans celte proportion

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