Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/43

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PRÉFACE. xwiii

ordiuairenienl par des défaites. Ce serait exagérer que de croire que le vice tout entier vient du corps, et que l'àuie n'a pas ses passions propres qui la ruinent, quand elles sont mauvaises, comme celles que le corps lui suggère. !\lais on peut dire sans injustice que la grande provocation au mal, dans l'àme de l'homme, lui vient du corps auquel elle est jointe, qu'elle peut dominer sans doute, puisqu'elle va quand elle veut jusqu'à l'anéantir, mais qui, dans bien des cas, la domine elle-même et la souille par les insinuations les plus cachées et les plus sûres. Modérer le corps, le dompter dans une certaine mesure, lui faire la part de ses justes besoins, lui résister dans tout ce qui les dépasse, en un mot, faire du corps un instrument docile et un serviteur soumis, voilà l'une des règles essentielles de la vie morale, et par conséquent, une des parties considé- rables de la science. L'union de l'âme et du corps, c'est-à-dire, de l'esprit et de la matière, est un mys- tère dont elle n'agite point la solution, qui appartient à la métaphysique. Mais il est de son devoir de rechercher les conditions de cette union, et de les expliquer à la lumière de la loi. C'est un fait qu'elle étudie comme les faits de conscience, et qui n'est pas moins important. L'omettre serait une grave

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