Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/479

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LIVRE II, CH. l, § 6. 67

plus tard que nous produisons les actes qui eu sortent. On peut bien voir un frappant exemple de ceci dans les sens. Ce n'est pas à force de voir, à force d'entendre, que nous acquiérons les sens de la vue et de l'ouïe. Tout au contraire, nous nous sommes servis de ces sens parce que nous les avions ; et nous ne les avons pas du tout parce que nous nous en sommes servis. Loin de là, pour les vertus, nous ne les acquiérons qu'après les avoir préalablement pratiquées. Il en est pour elles comme pour tous les autres arts; car dans les choses qu'on ne peut faire qu'après les avoir apprises, nous ne les apprenons qu'en les faisant. Ainsi, on devient architecte en construisant; on devient mu- sicien en faisant de la musique. Tout de même, on devient juste en pratiquant la justice ; sage, en cultivant la sagesse ; courageux, en exerçant le courage. § 5. Ce qui se passe dans le gouvernement des États le prouve bien : les légis- lateurs ne rendent les citoyens vertueux qu'en les y habi- tuant. Telle est certainement la volonté bien arrêtée de tout législateur. Ceux qui ne remplissent pas comme il faut cette tâche, manquent le but qu'ils se proposent; et c'est là précisément ce qui fait toute la différence d'un bon gouvernement et d'un mauvais.

§ 6. Toute vertu, quelle qu'elle soit, se forme et se détruit par les mêmes moyens, par les mêmes causes, absolument comme on se fomie et comme on échoue dans

��§ II. Dans les se7is, qui sont en pour entendre. L'habitude, quelque

effet des choses de nature. — Ce prolongée qu'elle soit, ne peut en

n'est pas à force de voir. L'exemple changer l'usage ; mais il est certain

eût été plus frappant si Aristote avait que l'habitude fait qu'on voit mieux,

dit que l'œil est fait exclusivement qu'on entend mieux, et que l'action

pour voir, et l'ouïe, exclusivement dcF sens se iierrcoUonne comme celle

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