Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/497

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et enfin l’égal ; et ces distinctions peuvent être faites, ou relativement à l’objet lui-même, ou relativement à nous. L’égal est une sorte d’intermédiaire entre l’excès en plus et le défaut en moins. Le milieu, quand il s’agit d’une chose, est le point qui se trouve h égale distance de l’une et l’autre des deux extrémités, et qui est un et le même dans tous les cas. Mais quand il s’agit de l’homme, quand il s’agit de nous, le milieu c’est ce qui ne pèche ni par excès ni par défaut ; et cette égale mesure est bien loin d’être une pour tous les hommes, ni la même pour tous.

§ 6. Je prends un exemple : en supposant que le nombre dix représente une trop grande quantité, et deux, une trop petite, six sera le miheu intennédiaire relativement à la chose qu’on mesure; car six surpasse deux d’une somme égale à celle dont il est surpassé lui-même par dix.

§ 7. C’est bien là le vrai milieu suivant la proportion que constate l’arithmétique, c’est-à-dire le nombre. Mais ce n’est pas du tout ainsi qu’il faut prendre le milieu relativement à nous. En effet, parce que pour tel homme man-

��plus haut, livre I, ch. i, § 10 et là.

§ 5. Et enfin l’égal. J’ai conservé cette expression qui est celle-même d’Aristote, au lieu de prendre le mot de R milieu n , que d’ailleurs il em- ploiera plus loin. Ceci revient à dire que toute chose divisible peut être partagée, soit en deux parties iné- gales, soit en deux parties égales. — Le milieu. Voilà le mot propre.

5 6. Je prends un exemple, L’exemple que prend Aristote pou- vait être mieux choisi. Les nombres qu’il cite sont bien en proportion par diflérence ; mais on s’attendait au nombre cinq et non au nombre six, puisqu’il parlait plus haut d’égalité. § 7. La proportion que constate l’arithmétique. C’est ce qu’on a long- temps appelé dans nos livres mathématiques « la proportion arithmétique b ; il est plus exact de dire proportion par différence. — Relativement à nous. Aristote a raison de faire cette distinction. Le milieu en effet varie avec chaque individu, suivant les tempéraments, les circonslanccs, les habitudes, etc. —