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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/518

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louer ceux qui restent en deça et s’abstiennent, et nous disons qu’ils sont pleins de douceur ; tantôt nous ne louons pas moins ceux qui s’emportent, et nous leur trouvons une mâle fermeté. § 8. Il est vrai que celui qui ne dévie que très-peu du bien ne s’expose pas à être blâmé, soit qu’il s’en écarte en plus, soit qu’il s’en écarte en moins ; tandis que celui qui s’en éloigne davantage, ne peut échapper à la critique pour une faute que chacun aperçoit. Mais déterminer dans un langage parfaitement précis jusqu’à quel point et dans quelle mesure on est blâmable, ce n’est pas facile, parcequ’il n’est pas facile non plus de préciser aucune des choses qu’il faut sentir pour les bien comprendre. Or tous ces cas sont des cas particuliers ; et le jugement ne peut relever que du sentiment que chacun en éprouve.

§ 9. Quoiqu’il en soit, il est suffisamment clair que la qualité moyenne est toujours la seule louable, et que pour nous redresser il nous faut pencher tantôt vers l’excès, tantôt vers le côté du défaut ; car c’est ainsi que nous atteindrons le plus aisément le milieu et le bien.

une œuvre qui n’est pas aisée. Aristote pouvait affirmer même que c’est chose impossible.

§ 8. Dans un langage parfaitement précis. Il faut se rappeler ce qu’Aristote a dit en commençant son ouvrage ; voir plus haut liv. I, ch. 1 vers la fin. Suivant lui, la science morale ne comporte pas une précision absolue.

§ 9. La qualité moyenne est toujours la seule louable. Dans ces limites, la théorie est tout à fait d’accord avec la pratique la plus éclairée et la plus sage. C’est un très-grand et très-utile mérite.

FIN DU LIVRE DEUXIÈME.
ET DU PREMIER VOLUME.