Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/648

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

véritablement honteuses, ou qu’elle ne le soient que dans l’opinion ; il ne faut faire ni les unes ni les autres ; et l’on est sûr de n’avoir jamais à rougir. Il n’y a qu’un cœur vicieux qui soit capable de faire quelque chose de honteux. Mais être ainsi fait qu’on puisse commettre un acte de ce genre, et croire que par cela seul qu’on en rougit, on redevient honnête, c’est une énorme absurdité. La honte ne peut s’appliquer qu’aux actes volontaires, et jamais l’homme honnête ne fera volontairement une action honteuse. § 6. Je conviens d’ailleurs qu’à un certain point de vue la honte peut n’être pas sans quelque honnêteté. Si l’on commettait telle oa telle faute, il serait bon d’en rougir ; mais ceci n’a rien de commun avec les vertus véritables. Certes l’impudence, qui ne ressent plus la honte, est un vice, et celui qui ne rougit point du mal qu’il fait est un misérable. Mais il n’en est pas plus honnête pour cela de rougir après avoir fait des choses aussi coupables. § 7. On peut même aller jusqu’à dire que la tempérance qui sait se dominer, n’est pas non plus une vertu très-pure, et que c’est plutôt une vertu mélangée. Mais on l’étudiera plus tard.

Pour le moment, parlons de la justice.

§ 6. La honte peut n’être pas sans quelque honnêteté. La honte est une sorte de remords ; et à ce titre, elle annonce toujours un reste d’honnêteté.

§ 7. Une vertu très-pure. Précisé-ment parce qu’elle a eu à combattre un penchant vicieux. Mais la vertu ne s’exerce réellement qu’à la condition de la lutte ; et un être absolument insensible ne saurait être appelé vertueux. — On l’étudiera plus tard. Dans le livre VII, consacré tout entier à cette analyse et qui appartient bien par conséquent à la Morale à Nicomaque. Voir la Dissertation préliminaire, où ce sujet est traité tout au long.


FIN DU LIVRE QUATRIÈME.