Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/832

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personne n’accepterau de vivre sans amis, eût-il d’ailleurs tous les autres biens. Plus on est riche et plus on possède de pouvoir et d’autorité, plus on éprouve, ce semble, le besoin d’avoir des amis autour de soi. A quoi bon eu effet toute cette prospérité, si l’on ne peut y joindre la bienfaisance, qui s’exerce surtout et d’une si louable manière à l’égard de ceux qu’on aime? Puis, comment entretenir, comment conserver tant de biens sans amis qui vous y aident? Plus la fortune est considérable, plus elle est exposée. § 2. Les amis, tout le monde en convient, sont le seul asyle où nous puissions nous réfugier dans la misère et dans les revers de tous genres. Quand nous sommes jeunes, nous demandons à l’amitié de nous éviter des fautes par ses conseils ; quand nous sommes devenus vieux, nous lui demandons ses soins et son secours pour suppléer à notre activité, où la faiblesse de l’âge amène tant de défaillances ; enfin, quand nous sommes dans toute notre force, nous recourons à elle pour accomplir des actions d’éclat.

(( Deux braves compagnons, quand ils marchent ensemble, »

sont bien autrement capables de penser et d’agir.

§ 3. J’ajoute, que par une loi de la nature, l’amour paraît être un sentiment inné dans le cœur de l’être qui engendre à l’égard de l’être qu’il a engendré ; et ce sentiment existe non-seulement parmi les hommes ; il existe aussi dans les oiseaux et dans la plupart des animaux, qui s’aiment mutuellement, quand ils sont de même espèce.

Ç;; 2. Deux braves compagnons, de lui et d’Ulysse, Iliade, chant X, C’est le langage de Diomède parlant vers 22k.