Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/853

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LIVRE VIII, CH. VI, S 5. 331

beaucoup de gens disposés à ces liaisons, et les ser- vices qu'on échange ainsi peuvent ne durer qu'un ins- tant, g 3. De ces deux espèces d'amitié, celle qui se pro- duit par le plaisir ressemble davantage à l'amitié véri- table, quand les conditions qui la font naître sont les mêmes de part et d'autre, et que les deux amis se plaisent l'un à l'autre ou se plaisent aux mêmes amusements. C'est là ce qui forme les amitiés des jeunes gens ; car c'est sur- tout dans celles-là qu'il y a de la libéralité et de la géné- rosité de cœur. Au contraire, l'amitié par intérêt n'est guère digne que de l'âme des marchands.

^ II. Les gens fortunés n'ont pas besoin de relations utiles: mais il leur faut des relations agréables; et c'est là ce qui fait qu'ilsveulent vivre habituellement avec quelques personnes. Comme on ne supporte l'ennui que le moins qu'on peut, et que personne en effet ne supporterait con- tinuellement même le bien, si le bien lui était pénible, les gens riches recherchent des amis agréables. Peut-être pour eiLx-mêmes vaudrait-il mieux encore qu'ils recher- chassent dans leurs amis la vertu à côté de l'agrément ; car alors ils réuniraient tout ce qu'il faut à de véritables amis. § 5. j\Iais quand on est dans une haute position, on a d'ordinaire les amis les plus divers. Les uns sont des amis utiles ; les autres, des amis agréables ; et comme il est

��coup de gens par sa vertu et son mé- marchands. Parce que cette amitié

rite, sans qu'on soit d'ailleurs l'ami n'est en effet qu'une sorte de com-

de tout ce monde. merce où chacun clierche de son

§ 3. De ces deux espèces d^amitié. côté à gaguer le plus possible.

Digression peu utile, et qui ne fait S 4. Si le bien lui était pénible. Le

que répéter ce qui a déjà été dit bien cesserait alors d'être le bien,

antérieurement. — De l'âme des $ 5. Les amis les plus divers.

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