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396 MORALE A NICOMAQLE.

a faites a beaucoup d'agrément. Mais le souvenir des choses utiles dont on a profité, ou n'en a pas du tout, ou certainement en a moins. C'est précisément tout le con- traire par l'attente et l'espérance des biens qu'on désire. Mais aimer c'est presque agir et produire ; être aimé ce n'est que souffrir et rester passif. Par conséquent, l'amour et toutes les conséquences qu'il engendre sont du côté de ceux chez qui l'action est plus puissante. § 7. Il faut remarquer en outre que l'on s'attache toujours davantage à ce qui a coûté de la peine ; et c'est ainsi, par exemple, que ceux qui ont acquis leur fortune eux-mêmes l'es- timent bien plus que ceux qui l'ont reçue par héritage. Or, recevoir un bienfait est une chose évidemment qui ne demande point d'effort pénible, tandis qu'il en coûte sou- vent beaucoup pour obliger. Voilà aussi pourquoi les mères ont davantage d'amour pour leurs enfants : leur part dans la génération a été bien autrement pénible, et elles savent mieux qu'ils leur appartiennent. C'est là sans doute aussi le sentiment des bienfaiteurs à l'égard de leurs obligés.

��§ 7. U faut remarquer en outre, cas exceptionnel. Le plus ordinaire- Ce dernier motif, quoique plus ment la paternité n'est pas douteuse, subtil encore que les précédents, Ce qui est vrai, c'est que les mères n'en est pas moins très-réel. — Les ont beaucoup plus souffert, soit pour mères ont davantage d'amour. Ob- la génération de l'enfant, soit après sa servation très-vraie, et qu'on peut vé- naissance. Les soins qu'elles donnent rifier dans les pertes cruelles que à nos premières années les attachent font trop souvent les familles. — encore plus que l'enfantement lui- Elles savent mieux. Ceci n'est qu'un même.

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