408 MORALE A NICOMAQUE.
elle se définit à la fois par la faculté de la sensation et par
la faculté de la pensée. Mais la puissance vient toujours
aboutir à l'acte : et le principal est dans l'acte. Ainsi, il
semble que vivre consiste principalement à sentir ou à
penser ; et la vie est en soi une chose bonne et agréable ;
car c'est quelque chose de limité et de défini; et tout ce
qui est défini est déjà de la nature du bien. De plus, ce
qui est bon par sa nature Test aussi pour f homme vertueux ; et voilà pourquoi l'on peut dire que cela doit
plaire également au reste des hommes. § 8. Mais il ne
faut pas prendre ici pour exemple une vie mauvaise et
corrompue, pas plus qu'une vie passée dans les douleurs;
car une telle vie est indéfinie, tout aussi bien que les éléments qui la composent ; et ceci se comprendra plus clairement dans ce que nous dirons plus tard sur la douleur.
g 9. La vie à elle toute seule, encore mie fois, est bonne
et agréable ; et ce qui le prouve bien, c'est que tout le
monde y trouve des charmes, et très-spécialement les gens
vertueux et fortunés. Caria vie leur est la plus désirable,
et leur existence est la plus heureuse sans contredit.
Mais celui qui voit sent qu'il voit; celui qui entend sent
qu'il entend ; celui qui marche sent qu'il marche, et de
même pour tous les autres cas ; il y a quelque chose en
sentir. Voir le Traité de l'Ame, livre II, ch. 5 et suiv,, p. 198 de ma traduction, — Au reste des hommes, Parce que la vertu et l'homme vertueux peuvent servir de mesure à tout le reste. Voir plus haut, livre III, th. 5, § 5.
§ 8. Est ituli'finic. Parce qu'il
peut y avoir mille façons d'être malheureux, et qu'il n'y en a qu'une seule d'être heureux. — ^ Plus tard sur la
douleur. Voir plus loin, livre X.
§ 9. La vie a elle toute seule. Les mêmes idées sont exprimées dans la Politique, livre 111, ch. .'i, % 3, p. liô de mu Iraduclion, 2'" édition.