Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/948

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/j-20 MORALE A NICOMAQUE.

^ 3. Selon nous, tout ce que prouve ce dernier argu- ment, c'est que le plaisir peut être compté parmi les biens. Mais il ne prouve pas que le plaisir soit à cet égard au-dessus d'un autre bien. Un bien, quel qu'il soit, est plus désirable, quand il se joint à un autre, que quand il est seul. C'est justement par ce raisonnement que Platon démontre que le plaisir n'est pas le souverain bien : (( La vie de plaisir, dit Platon, est plus désirable avec la ') sagesse que sans la sagesse ; mais si le mélange de la » sagesse et -du plaisir est meilleur que le plaisir, il s'en- » suit que le plaisir tout seul n'est pas le vrai bien. Car il » n'est pas besoin qu'on ajoute rien au bien pour qu'il soit » par lui-même plus désirable que tout le reste. Par con- » séquent, il est de toute évidence aussi que le souverain ') bien ne peut jamais être une chose qui devient plus dé- » sirable, quand on la joint à l'un des autres biens en soi.»

§ II. Quel est parmi les biens celui qui remplit cette condition et dont , nous autres hommes, nous puissions jouir? C'est là précisément la question. Soutenir, comme on le fait, que l'objet qui excite le désir de tous les êtres n'est pas un bien, c'est ne rien dire de sérieux ; cai- ce que tout le monde pense, doit, selon nous, être vrai ; et celui qui repousse cette croyance générale ne peut lui rien substituer qui soit plus croyable qu'elle. Si les êtres privés de raison étaient les seuls à désirer le plaisir , on n'aurait pas tort de prétendre que le plaisir n'est pas un bien. Mais comme les êtres raisonnables le désirent au-

��§ 3. Platon démonlrc. Dans k- lion Icxluellc de Platon; ce n'est Philèbe, p. Zii8, Irad. de M. Cousin, qu'un résumé de sa iLéorie. — Dit Platon. Ce n'est pas une cita- § 4. Ce que tout le monde rroil.

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