Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/961

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tout ce qu'il doit être, et que d'autre part l'être qui 1(3 perçoit ou qui le comprend demeure aussi en bon état, le plaisir se produira dans l'acte; car l'être qui est passif et celui qui agit, restant entr'eux dans le même rapport, et leur condition ne changeant pas, le même résultat devra naturellement se produire. § 5. Mais s'il en est ainsi, comment donc le plaisir qu'on ressent n'est-il pas continuel? Ou comment la peine, si l'on veut, n'est-elle pas plus continue que le plaisir? C'est que toutes les facultés liimiaines sont incapables d' agir continuellement ; et le plaisir n'a pas ce privilège plus que le reste; car il n'est que la conséquence de l'acte. Certaines choses nous font plaisir uniquement, parce qu'elles sont nouvelles; et c'est par là même que plus tard elles ne nous en font plus autant. Dans le premier moment, la pensée s'y est appliquée, et elle agit sur ces choses avec intensité, comme dans l'acte de la vue, quand on regarde de près quelque chose. j\lais ensuite cet acte n'est plus aussi vif; il se relâche; et voilà pourquoi aussi le plaisir languit et se passe. § 6. Mais on peut supposer que si tous les hommes aiment le plaisir, c'est que tous aussi aiment la vie. La vie est une sorte d'acte, et chacun agit dans les choses et pour les choses qu'il aime le plus, comme le musicien agit par l'organe de l'ouïe pour la musique qu'il

��§5. N'est-il pas continuel. Puis- comme elles. — Parce qu'elles sont

que riiomme esl perpétaellemeut en nouvelles. Cet attrait delà nouveauU'

acte. L'objection est très-forte, et Ton eu toutes choses est incontestable ;

peut trouver qu'Aristote qui se la ei quelquefois le comble de la sagesse

fait lui-même, ne la résout pas. Il humaine, c'est d'y résister,

est vrai qu'il soutient que les facultés § 6. Toits missi aiment la vie.

humaines n'ont qu'une activité limi- Voir la Politique, livre III, ch. à,

tée, et par conséquent, le plaisir l'est § 3, p. liS de ma traduction, 2' édi-

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