Page:Aristote - La Politique.djvu/108

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en Crète vaut mieux évidemment qu’à Lacédémone. § 6. L’institution des Cosmes est encore inférieure, s’il est possible, à celle des Éphores ; elle en a tous les vices, puisque les Cosmes sont également des gens d’un mérite très vulgaire. Mais elle n’a pas en Crète les avantages que Sparte en a su tirer. A Lacédémone, la prérogative que donne au peuple cette suprême magistrature nommée par le suffrage universel, lui fait aimer la constitution ; en Crète, au contraire, les Cosmes sont pris dans quelques familles privilégiées, et non point dans l’universalité des citoyens ; de plus, il faut avoir été Cosme pour entrer au sénat. Cette dernière institution présente les mêmes défauts qu’à Lacédémone ; l’irresponsabilité déplaces à vie y constitue de même un pouvoir exorbitant ; et ici se retrouve l’inconvénient d’abandonner les décisions judiciaires à l’arbitraire des sénateurs, sans les renfermer dans des lois écrites. La tranquillité du peuple, exclu de cette magistrature, ne prouve pas le mérite de la constitution. Les Cosmes n’ont pas comme les Ephores occasion de se laisser gagner ; personne ne vient les acheter dans leur île. § 7. Pour remédier aux vices de leur constitution, les Crétois ont imaginé un expédient qui contredit tous les principes de gouvernement, et qui n’est qu’absurdement violent. Les Cosmes sont souvent déposés par leurs