Page:Aristote - La Politique.djvu/129

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la tyrannie, bien des gens pensent qu’on doit décliner l’accomplissement des traités existants, contractés, , disent-ils, non par l’État, mais par le tyran. Il n’est pas besoin de citer tant d’autres raisonnements du même genre, qui se fondent tous sur ce principe que le gouvernement n’a été qu’un fait de violence, sans aucun rapport à l’utilité générale.

§ 11. Si la démocratie, de son côté, a contracté des engagements, ses actes sont tout aussi bien actes de l’État que ceux de l’oligarchie et de la tyrannie. Ici, la vraie difficulté consiste à reconnaître dans quel cas on doit soutenir, ou que l’État est resté le même, ou qu’il n’est pas resté le même, mais qu’il est complètement changé. C’est un examen bien superficiel de la question que de considérer seulement le lieu et les individus ; car il peut arriver que l’État ait son chef-lieu isolé, et ses membres disséminés, ceux-ci résidant dans tel endroit, et ceux-là dans tel autre. La question ainsi envisagée deviendrait extrêmement simple ; et les acceptions diverses du mot cité suffisent sans peine à la résoudre.

§ 12. Mais à quoi reconnaîtra-t-on l’identité de la cité, quand le même lieu reste constamment occupé par des habitants ? Ce ne sont certainement pas les murailles qui constitueront cette unité ; car il serait possible en effet d’enclore d’un rempart continu le Péloponnèse entier ; On a vu des cités avoir des dimensions presque aussi vastes, et représenter dans leur circonscription plutôt une nation qu’une ville : témoin Babylone prise par l’ennemi depuis trois jours, qu’un de ses quartiers