Page:Aristote - La Politique.djvu/150

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seulement au fait pratique, on doit, quelque méthode d’ailleurs qu’on adopte, n’omettre aucun détail, et n’en négliger aucun, mais les montrer tous dans leur vrai jour.

§ 5. La tyrannie, comme je viens de le dire, est le gouvernement d’un seul, régnant en maître sur l’association politique ; l’oligarchie est la prédominance politique des riches ; et la démagogie, au contraire, la prédominance des pauvres, à l’exclusion des riches. On fait une première objection contre cette définition même. Si la majorité maîtresse de l’État est composée de riches, et que le gouvernement de la majorité soit appelé la démocratie ; et réciproquement, si, par hasard, les pauvres, en minorité relativement aux riches, sont cependant, par la supériorité de leurs forces, maîtres de l’État ; et si le gouvernement de la minorité doit être appelé l’oligarchie, les définitions que nous venons de donner deviennent inexactes.

§ 6. On ne résout même pas cette difficulté en réunissant les idées de richesse et de minorité, celles de misère et de majorité, et en réservant le nom d’oligarchie pour le gouvernement où les riches, en minorité, occupent les emplois, et celui de démagogie, pour l’État où les pauvres, en majorité, sont les maîtres. Car comment classer les deux formes de constitution que nous venons de supposer : l’une où les riches forment la majorité, l’autre où les pauvres forment la minorité, souverains les uns et les autres de l’État ? Si toutefois quelques autres formes politiques n’ont point échappé à notre énumération.

§ 7. Mais la raison nous dit assez que la domination de la minorité et celle de la majorité sont choses tout accidentelles,