Page:Aristote - La Politique.djvu/16

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hommes corrompus ou disposés à l’être, le corps semble parfois dominer souverainement l’âme, précisément parce que leur développement irrégulier est tout à fait contre nature.

§ 11. Il faut donc, je le répète, reconnaître d’abord dans l’être vivant l’existence d’une autorité pareille tout ensemble et à celle d’un maître et à celle d’un magistrat ; l’âme commande au corps comme un maître à son esclave ; et la raison, à l’instinct, comme un magistrat, comme un roi. Or, évidemment on ne saurait nier qu’il ne soit naturel et bon pour le corps d’obéir à l’âme ; et pour la partie sensible de notre être, d’obéir à la raison et à la partie intelligente. L’égalité ou le renversement du pouvoir entre ces divers éléments leur serait également funeste à tous.

§ 12. II en est de même entre l’homme et le reste des animaux : les animaux privés valent naturellement mieux que les animaux sauvages ; et c’est pour eux un grand avantage, dans l’intérêt même de leur sûreté, d’être soumis à l’homme. D’autre part, le rapport des sexes est analogue ; l’un est supérieur à l’autre : celui-là est fait pour commander,et celui-ci, pour obéir.

§ 13. C’est là aussi la loi générale qui doit nécessairement régner entre les hommes. Quand on est inférieur à ses semblables autant que le corps l’est à l’âme, la brute, à l’homme, et c’est la condition de tous ceux