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CHAPITRE III

Suite : examen des deux opinions opposées qui recommandent ou qui proscrivent la vie politique ; l’activité est le véritable but de la vie, aussi bien pour les individus que pour l’État ; la véritable activité est celle de la pensée, qui prépare et gouverne les actes extérieurs.

§ 1. On convient, avons-nous dit, que l’objet qu’on doit rechercher essentiellement dans la vie, c’est la vertu ; mais on ne s’accorde pas sur l’emploi qu’on doit donner à la vie. Examinons les deux opinions contraires. Ici l’on condamne toutes fonctions politiques, et l’on soutient que la vie d’un véritable homme libre, à laquelle on donne une haute préférence, diffère complètement de la vie de l’homme d’État ; là, on met au contraire la vie politique au-dessus de toute autre, parce que celui qui n’agit pas ne peut faire acte de vertu, et que bonheur et actions vertueuses sont choses identiques. Ces opinions sont toutes en partie vraies, en partie fausses. Qu’il vaille mieux vivre comme À un homme "» libre que de vivre comme un maître d’esclaves, cela est vrai ; l’emploi d’un esclave, en tant qu’esclave, n’est pas chose fort noble ; et les ordres d’un maître pour les détails de la vie de chaque jour n’ont rien de commun avec le beau.

§ 2. Mais c’est une erreur de croire que toute autorité soit nécessairement une autorité de maître. L’autorité