Page:Aristote - La Politique.djvu/245

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nature ; et ici l’objet le meilleur, c’est la partie raisonnable de l’âme.

§ 7. En adoptant dans cette recherche notre procédé ordinaire d’analyse, on peut diviser la raison en deux autres parties, raison pratique et raison spéculative. Par une conséquence nécessaire, la division que nous appliquons à cette partie de l’âme s’applique également aux actes qu’elle produit ; et si l’on pouvait choisir, il faudrait préférer les actes de la partie naturellement supérieure, soit dans tous les cas, soit dans un cas unique où les deux parties de l’âme seraient en présence ; car en toutes choses il faut toujours préférer ce qui mène au but le plus élevé.

§ 8. La vie se partage, quelle qu’elle soit, en travail et repos, en guerre et paix. Parmi les actes humains, les uns se rapportent au nécessaire, à Futile ; les autres se rapportent uniquement au beau. Une distinction toute pareille doit, à ces divers égards, se retrouver nécessairement dans les parties de l’âme et dans leurs actes : la guerre ne se fait qu’en vue de la paix ; le travail ne s’accomplit qu’en vue du repos ; on ne recherche le nécessaire et l’utile qu’en vue du beau.

§ 9. En tout ceci, l’homme d’État doit régler ses lois sur les deux parties de l’âme et sur leurs actes, mais surtout sur la fin la plus relevée qu’elles puissent toutes deux atteindre. Des distinctions pareilles s’appliquent aux diverses carrières, aux diverses occupations de la vie pratique. Il faut être également prêt au travail et au combat ; mais le loisir et la paix sont préférables ; il faut savoir accomplir le nécessaire et l’utile ; cependant le beau est supérieur à l’un et à l’autre. Ce sont donc là des directions qu’il convient de donner aux citoyens, dès