Page:Aristote - La Politique.djvu/290

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10. Quant à l’harmonie dorienne, chacun convient qu’elle a plus de gravité que toutes les autres, et que le ton en est plus mâle et plus moral. Partisan déclaré comme nous le sommes, du principe qui cherche toujours le milieu entre les extrêmes, nous soutiendrons que l’harmonie dorienne, à laquelle nous accordons ce caractère parmi toutes les autres harmonies, doit évidemment être enseignée de préférence à la jeunesse Deux choses sont ici à considérer, le possible et le convenable ; car le possible et le convenable sont les principes qui doivent surtout guider tous les hommes ; mais c’est l’âge seul des individus qui peut déterminer l’un et l’autre. Aux hommes fatigués par l’âge, il serait bien difficile de moduler des chants vigoureusement soutenus, et la nature elle-même leur inspire plutôt des modulations molles et douces.

§ 11. Aussi quelques-uns des auteurs, qui se sont occupés de la musique, ont-ils encore avec raison reproché à Socrate d’avoir banni de l’éducation les molles harmonies, sous prétexte qu’elles ne convenaient qu’à l’ivresse. Socrate a eu tort de croire qu’elles se rapportaient à l’ivresse, dont le caractère est une sorte de frénésie, tandis que celui de ces chants n’est que de la faiblesse. Il est bon, pour l’époque où l’on atteindra l’âge de la vieillesse,