grand tort de fonder uniquement les droits politiques sur des bases aussi légères. Comme la démocratie et l’oligarchie renferment plusieurs sortes d’éléments, il faut faire plusieurs réserves. Il n’y a pas de démocratie là où des hommes libres en minorité commandent à une multitude qui ne jouit pas de la liberté. Je citerai Apollonie, sur le golfe Ionique, et Théra. Dans ces deux villes, le pouvoir, à l’exclusion de l’immense majorité, appartenait à quelques citoyens de naissance illustre, et qui étaient les fondateurs des colonies. Il n’y a pas davantage de démocratie, quand la souveraineté est aux riches, en supposant même qu’ils forment la majorité, comme jadis à Colophon, où, avant la guerre de Lydie, la majorité des citoyens possédait des fortunes considérables. Il n’y a de démocratie réelle que là où les hommes libres, mais pauvres, forment la majorité et sont souverains. Il n’y a d’oligarchie que là où les riches et les nobles, en petit nombre, possèdent la souveraineté.
§ 9. Ces considérations suffisent pour montrer que les constitutions peuvent être nombreuses et diverses, et pourquoi elles le sont. J’ajoute qu’il y a plusieurs espèces dans les constitutions dont nous parlons ici.