Page:Aristote - La Politique.djvu/316

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jadis les premiers, et des revenus considérables y répandant l’aisance, la multitude acquit par son importance tous les droits politiques ; et les citoyens purent alors vaquer en commun à la direction des affaires générales, parce qu’ils eurent du loisir, et que des indemnités assurèrent même aux moins aisés le temps nécessaire pour s’y livrer. Ce sont même alors ces citoyens pauvres qui ont le plus de loisir : ils n’ont point à s’inquiéter de l’administration de leurs intérêts particuliers, cause qui empêche si souvent les riches de se rendre aux assemblées du peuple et aux tribunaux dont ils sont membres ; et il arrive par là que la multitude devient souveraine à la place des lois. Telles sont les causes nécessaires qui déterminent le nombre et les diversités des démocraties.

§ 6. La première espèce d’oligarchie est celle où la majorité des citoyens possède des fortunes qui sont moindres que celle dont nous venons de parler, et qui sont peu considérables. Le pouvoir est attribué à tons ceux qui jouissent du revenu légal ; et le grand nombre de citoyens qui acquièrent ainsi des droits politiques, a été cause qu’on a dû remettre la souveraineté à la loi, et non point aux hommes. Fort éloignés, par leur nombre, de l’unité monarchique, trop peu riches pour jouir d’un loisir absolu, et pas assez pauvres pour devoir vivre aux dépens de l’État, il y a nécessité pour eux de proclamer la loi souveraine, au lieu de se faire eux-mêmes souverains.

§ 7. En supposant les possesseurs moins nombreux que dans la première hypothèse, et les fortunes plus considérables, c’est la seconde espèce d’oligarchie. L’ambition s’accroît alors avec la