Page:Aristote - La Politique.djvu/330

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que donne une position si brillante pousse les hommes aux grands attentats ; dans le second, la perversité se tourne aux délits particuliers ; et les crimes ne se commettent jamais que par orgueil ou par perversité. Négligentes de leurs devoirs politiques dans le sein de la ville ou au sénat, les deux classes extrêmes sont également dangereuses pour la cité.

§ 5. Il faut dire encore qu’avec cette excessive supériorité que donnent l’influence de la richesse, un nombreux parti, ou tel autre avantage, l’homme ne veut ni ne sait obéir. Dès l’enfance, il contracte cette indiscipline dans la maison paternelle ; et le luxe dont on l’a constamment entouré ne lui permet pas d’obéir, même à l’école. D’autre part, une extrême indigence ne dégrade pas moins. Ainsi, la pauvreté empêche de savoir commander, et elle n’apprend à obéir qu’en esclave ; l’extrême opulence empêche l’homme de se soumettre à une autorité quelconque, et ne lui enseigne qu’à commander avec tout le despotisme d’un maître.

§ 6. On ne voit alors dans l’État que maîtres et esclaves, et pas un seul homme libre. Ici jalousie envieuse, là vanité méprisante, si loin l’une et l’autre de cette fraternité sociale qui est la suite de la bienveillance. Et qui voudrait d’un ennemi à ses côtés, même pour un instant de route ? Ce qu’il faut surtout à la cité, ce sont des êtres égaux et semblables, qualités qui se trouvent avant tout dans les situations moyennes ; et