Page:Aristote - La Politique.djvu/372

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et le peuple ne ressent point de jalousie contre les hommes estimables que sa volonté appelle aux affaires. Cette combinaison suffit même à satisfaire les hommes distingués. Ils n’ont point à redouter pour eux-mêmes l’autorité de gens qui leur seraient inférieurs ; et personnellement, ils gouverneront avec équité, parce qu’ils sont responsables de leur gestion devant des citoyens d’une autre classe que la leur.

§ 4. Il est toujours bon pour l’homme d’être tenu en bride, et de ne pouvoir se livrer à tous ses caprices ; car l’indépendance illimitée de la volonté individuelle ne saurait être une barrière contre les vices que chacun de nous porte dans son sein. De là, résulte nécessairement pour les États cet immense avantage que le pouvoir est exercé par des hommes éclairés qui ne commettent pas de fautes graves, et que le peuple n’est point opprimé et avili. C’est là, sans contredit, la meilleure des démocraties. Et d’où vient sa perfection ? Des mœurs mêmes du peuple qu’elle régit.

§ 5. Presque tous les anciens gouvernements avaient des lois excellentes pour rendre le peuple agriculteur. Ou elles limitaient, d’un façon absolue, la possession individuelle des terres à une certaine mesure qu’on ne pouvait dépasser ; ou elles fixaient l’emplacement des propriétés, tant autour de la ville que dans les parties plus éloignées du territoire. Parfois même, à ces premières précautions, elles ajoutaient la défense de jamais vendre les lots primitifs. On cite aussi cette loi à peu près pareille, attribuée à Oxylus, et qui interdisait de prêter