Page:Aristote - La Politique.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

permanente. Il est bon, dans l’intérêt même des riches, d’accumuler les excédants des recettes publiques, pour les répartir en une seule fois aux pauvres, surtout si les portions individuelles suffisent à l’achat d’un petit immeuble, ou du moins à l’établissement d’un commerce ou d’une exploitation agricole. Si l’on ne peut faire participer tout d’un coup la masse entière à ces distributions, qu’on procède par tribu ou suivant toute autre division successive. Les riches doivent certainement dans ce cas contribuer aux charges nécessaires de l’État ; mais qu’on renonce à exiger d’eux des dépenses sans utilité.

§ 5. À Carthage, le gouvernement a toujours su, par des moyens analogues, gagner l’affection du peuple ; il envoie sans cesse quelques gens du peuple s’enrichir dans les colonies. Les classes élevées, si elles sont habiles et intelligentes, auront soin d’aider les pauvres et de les tourner constamment vers le travail, en leur créant des ressources. Elles feront bien aussi d’imiter le gouvernement de Tarente. En accordant aux pauvres l’usage commun des propriétés, le gouvernement s’est acquis le dévouement de la foule. D’un autre côté, il a fait doubles tous les emplois, mettant l’un à l’élection, l’autre au sort ; prenant le sort pour que le peuple puisse arriver aux fonctions publiques, l’élection pour qu’elles soient mieux remplies. On peut encore obtenir le même résultat, en faisant que les, membres d’une même magistrature soient les uns désignés par le sort, et les autres choisis à l’élection.

§ 6. Tels sont les principes qu’il convient de suivre dans l’institution de la démocratie.


§1. Comme nous l’avons dit plus haut. je crois que ces mots sont interpolés. Voir les motifs que j’ai donnés plus haut, aux notes des paragraphes 1 et 5 du chap. Ier de ce livre. En admettant que l’ancien livre V dût être placé avant le VIe, il y aurait lieu de s’étonner qu’en parlant à la fin du chapitre précédent des manœuvres de la tyrannie, communes aussi à la démocratie, Aristote n’eût pas rappelé, selon sa méthode habituelle, qu’il en avait précédemment traité.

§ 5. À Carthage. Voir livre II, ch. VIII, § 1. Le gouvernement de Tarente. Voir plus bas, liv. VIII(5), ch. II, § 8, et Fleyne, Opuscula acad., t. II, p. 217. On sait peu de chose de Tarente.