Page:Aristote - La Politique.djvu/397

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rale ; et dans cette constitution, l’archonte unique est un reste d’oligarchie. L’inégalité est toujours, je le répète, la cause des révolutions, quand rien ne la compense pour ceux qu’elle atteint. Entre égaux, une royauté perpétuelle est une inégalité insupportable ; et c’est en général pour conquérir l’égalité que l’on s’insurge.

§ 7. Cette égalité si recherchée est double. Elle peut s’entendre du nombre et du mérite. Par le nombre, je comprends l’égalité, l’identité en multitude, en étendue ; par le mérite, l’égalité proportionnelle. Ainsi, numériquement, trois surpasse deux comme deux surpasse un ; mais proportionnellement, quatre est à deux comme deux est à un. Deux est en effet à quatre dans le même rapport qu’un est à deux ; c’est la moitié de part et d’autre. On peut être d’accord sur le fond même du droit, et différer sur la proportion dans laquelle il doit être donné. Je l’ai déjà dit plus haut : les uns, égaux en un point, se croient égaux d’une manière absolue ; les autres, inégaux à un seul égard, veulent être inégaux à tous égards sans exception.

§ 8. De là vient que la plupart des gouvernements sont ou oligarchiques ou démocratiques. La noblesse, la vertu sont le partage du petit nombre ; et les qualités contraires, celui de la majorité. Dans aucune ville, on ne citerait cent hommes de naissance illustre, de vertu irréprochable ; presque partout, au contraire, on