Page:Aristote - La Politique.djvu/401

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des richesses et celle des honneurs, dont nous venons de parler, peuvent allumer la discorde, sans qu’on prétende pour soi-même ni aux unes, ni aux autres, mais seulement parce qu’on s’indigne de les voir justement ou injustement aux mains d’autrui. À ces deux premières causes, on peut joindre l’insulte, la peur, la supériorité, le mépris, l’accroissement disproportionné de quelques parties de la cité. On peut aussi, et d’un autre point de vue, compter comme causes de révolutions, la brigue, la négligence, les causes insensibles, et enfin les diversités d’origine.

§ 4. On voit, sans la moindre peine et avec pleine évidence, tout ce que l’insulte et l’intérêt peuvent avoir d’importance politique, et comment ces deux causes amènent des révolutions. Quand les hommes qui gouvernent sont insolents et avides, on se soulève contre eux et contre la constitution qui leur donne de si injustes privilèges, qu’ils fassent d’ailleurs fortune aux dépens des particuliers ou aux dépens du public. Il n’est pas plus difficile de comprendre quelle influence les honneurs peuvent exercer, et comment ils peuvent causer des séditions. On s’insurge quand on se voit privé personnellement de toute distinction, et que les autres en sont comblés. Il y a une égale injustice quand les uns sont honorés, les autres avilis hors de toute proportion ; il n’y a réellement justice que si la répartition du pouvoir est en rapport avec le mérite particulier de chacun. La supériorité est aussi une source de discordes civiles, quand s’élève l’influence prépondérante soit d’un