Page:Aristote - La Politique.djvu/434

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7. Si l’on néglige cette précaution dans les États oligarchiques et républicains, il s’établit bientôt, ici l’oligarchie, là le gouvernement héréditaire et violent d’une minorité ; ou bien la démagogie succède à la république ; la république ou la démagogie, à l’oligarchie. Un point également important pour la démocratie, l’oligarchie, en un mot, pour tout gouvernement, c’est de veiller à ce qu’aucune supériorité disproportionnée ne s’élève dans l’État ; c’est de donner aux fonctions peu d’importance et une longue durée, plutôt que de leur abandonner en un seul coup une autorité fort étendue ; car le pouvoir est corrupteur, et tous les hommes ne sont pas capables de supporter la prospérité. Si l’on n’a pu organiser le pouvoir sur ces bases, on doit du moins se bien garder de le retirer tout à la fois, ainsi qu’on l’avait imprudemment donné ; il faut le restreindre petit à petit.

§ 8. Mais c’est surtout par les lois mêmes qu’il convient de prévenir la formation de ces supériorités redoutables, qui s’appuient sur l’immensité de la fortune, sur les forces d’un parti nombreux. Quand on n’a pu les empêcher de se former, il faut faire en sorte qu’elles aillent étaler leur importance à l’étranger. D’un autre côté, comme les innovations peuvent s’introduire d’abord dans les mœurs des particuliers, on doit créer une magistrature chargée de veiller sur ceux dont la vie est peu d’accord avec la constitution : dans la démocratie, avec le principe démocratique ; dans l’oligarchie, avec le principe oligarchique. Cette institution s’appliquerait également à tous