Page:Aristote - La Politique.djvu/451

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cruellement fouetter, pour l’avoir raillé sur sa mauvaise haleine. Bien des monarques ont payé de semblables outrages de leur vie ou de leur repos.

§ 14. La peur, que nous avons indiquée comme une cause de bouleversement dans les républiques, n’agit pas moins dans les monarchies. Ainsi Artabane tua Xerxès dans la seule crainte qu’on n’apprit au roi qu’il avait fait pendre Darius, malgré l’ordre contraire qu’il en avait reçu. Mais Artabane avait espéré d’abord que Xerxès oublierait cette défense, qu’il lui avait faite au milieu d’un festin. Le mépris amène aussi des révolutions dans les états monarchiques. Sardanapale fut tué par un de ses sujets qui, si l’on en croit la tradition, l’avait vu tenant la quenouille au milieu de ses femmes. En admettant que ce fait soit faux pour Sardanapale, il peut certainement être vrai pour un autre. Dion ne conspira que par mépris contre le Jeune Denys, en voyant que tous ses sujets en faisaient si peu de cas, et qu’il était lui-même plongé dans une perpétuelle ivresse.

§ 15. C’est surtout par des motifs de cet ordre que se déterminent même parfois les amis du tyran ; la confiance dont ils jouissent auprès de lui leur inspire le dédain, et l’espoir de cacher leurs complots.