Page:Aristote - La Politique.djvu/462

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libre qui s’y abaisse. L’homme de bien sait aimer, mais il ne flatte pas. De plus, les méchants sont d’un utile emploi dans des projets pervers : « Un clou chasse l’autre », dit le proverbe.

§ 7. Le propre du tyran est de repousser tout ce qui porte une âme fière et libre ; car il se croit seul capable de posséder ces hautes qualités ; et l’éclat dont brilleraient auprès de lui la magnanimité et l’indépendance d’un autre, anéantirait cette supériorité de maître que la tyrannie revendique pour elle seule. Le tyran hait donc ces nobles natures, comme attentatoires à sa puissance. C’est encore l’usage du tyran d’inviter à sa table et d’admettre dans son intimité des étrangers plutôt que des nationaux ; ceux-ci sont pour lui des ennemis ; ceux-là n’ont aucun motif d’agir contre son autorité. Toutes ces manœuvres et tant d’autres du même genre, que la tyrannie emploie pour se maintenir, sont d’une profonde perversité.

§ 8. En les résumant, on peut les classer sous trois chefs principaux, qui sont le but permanent de la tyrannie : d’abord, l’abaissement moral des sujets ; car