Page:Aristote - La Politique.djvu/466

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car les querelles féminines ont perdu plus d’une tyrannie.

§ 14. S’il aime le plaisir, qu’il ne s’y livre jamais comme le font certains tyrans de notre époque, qui, non contents de se plonger dans les jouissances dès le soleil levé et pendant plusieurs jour de suite, veulent encore étaler leur licence sous les yeux de tous les citoyens, auxquels ils prétendent faire admirer ainsi leur bonheur et leur félicité. C’est en ceci surtout que le tyran doit user de modération ; et s’il ne le peut, qu’il sache au moins se dérober aux regards de la foule. L’homme qu’on surprend sans peine et qu’on méprise, ce n’est point l’homme tempérant et sobre, c’est l’homme ivre ; ce n’est point celui qui veille, c’est celui qui dort.

§ 15. Le tyran prendra le contre-pied de toutes ces vieilles maximes qu’on dit à l’usage de la tyrannie. Il faut qu’il embellisse la ville, comme s’il en était l’administrateur et non le maître. Surtout qu’il affiche avec le plus grand soin une piété exemplaire. On ne redoute pas autant l’injustice de la part d’un homme qu’on croit religieusement livré à tous ses devoirs envers les dieux ; et l’on ose moins conspirer contre lui, parce qu’on lui suppose le ciel même pour allié. Il