Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/111

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guère probable que tous ceux qui pratiquent les arts, méconnussent l’importance d’une pareille ressource, et en dédaignassent la recherche. D’ailleurs, on ne voit pas de quelle utilité pourrait être au tisserand, pour la pratique de son art, ou au charpentier, la connaissance du bien en soi ; ni comment, en en contemplant l’idée, le médecin ou le général d’armée deviendraient plus habiles. En effet, il ne parait pas que le médecin considère la santé sous ce point de vue général ; il s’occupe seulement de celle de l’homme, ou plutôt peut-être, de celle de tel individu ; car c’est l’individu qu’il prétend guérir. Mais en voilà assez sur toutes ces questions.

VII. Revenons donc encore une fois à la recherche de ce bien, qui paraît différent dans chaque action et dans chaque art ; car il n’est pas le même pour l’art de la médecine et pour celui de la guerre, et ainsi de tous les autres. Quel est donc le bien pour chacun d’eux, le but en vue duquel on fait tout le reste ? Dans la médecine, c’est la santé ; dans la stratégie, la victoire ; dans l’architecture, la maison ou l’édifice ; dans un autre art, autre chose : en un mot, dans toute action, dans toute détermination raisonnée, c’est la fin ; car voilà pourquoi tout homme fait tout ce qu’il fait. En sorte que, s’il y a une fin commune de tous les actes, ce serait elle qui serait le bien qui peut se faire ; et, s’il y en a plusieurs, ce seront celles-là. Ainsi, après de longs détours, notre raisonnement se trouve ramené au même point. Mais essayons