Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/118

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sujet. Car tout ce qui est ne saurait manquer de s’accorder avec la vérité, au lieu que le faux est bientôt en désaccord avec elle. Or, comme nous avons fait trois classes des biens, les uns qui sont appelés extérieurs, ceux de l’âme, et ceux du corps, nous plaçons au premier rang ceux de l’âme, et ce sont eux que nous appelons proprement des biens, attribuant à l’âme les actes et les fonctions : en sorte que notre langage est tout-à-fait conforme à l’opinion qui a été anciennement et universellement admise par tous les philosophes, que la fin de notre vie consiste dans ces actes et dans ces fonctions ; car, de cette manière, on voit qu’elle comprend les biens de l’âme, et non pas les biens extérieurs. Cette définition se trouve confirmée par les expressions de bien vivre et bien agir, dont on se sert ordinairement en parlant d’un homme heureux, puisqu’en effet bonne vie, et bonne conduite, sont des expressions à peu près synonymes de bonheur.

D’un autre côté, toutes les conditions requises pour le bonheur semblent se rencontrer dans notre définition ; car les uns y font entrer la vertu, les autres la prudence, les autres la sagesse ; ceux-ci joignent à ces conditions ou à quelqu’une d’elles, la volupté, ou du moins exigent qu’elle ne soit pas exclue ; ceux-là y comprennent aussi l’abondance des biens extérieurs. Entre ces combinaisons diverses, les unes ont été adoptées par le plus grand nombre, et dès les plus anciens temps, les autres n’ont été admises que par quelques hommes célè-