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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/162

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l’adultère, le vol, le meurtre ; car ces actions-là, et d’autres du même genre, sont déclarées criminelles par leur nom même, et non par l’excès ou le défaut qui s’y trouvent. On ne peut donc jamais bien faire, en les commettant ; on ne peut que se rendre coupable. On ne peut pas non plus considérer, en de telles choses, ce qui est bien et ce qui ne l’est pas : ni avec quelles personnes, quand et comment il faut commettre un adultère ; mais l’on peut dire qu’absolument parlant, c’est tomber dans l’égarement que de faire quelque action de ce genre. Il en serait de même, si l’on prétendait qu’on doit envisager un milieu, un excès, ou un défaut, dans l’injustice, la poltronnerie, ou la débauche ; car, de cette manière, il y aurait donc milieu dans l’excès ou dans le défaut, ou excès d’excès et défaut de défaut. Mais comme il ne peut y avoir ni excès ni défaut par rapport à la tempérance et au courage (car le milieu, dans ce cas, est, s’il le faut ainsi dire, un extrême), ainsi, à l’égard des actions et des passions dont j’ai parlé tout à l’heure, il n’y a ni milieu, ni défaut, ni excès ; mais de quelque manière qu’on s’y laisse entraîner, on se rend criminel. En un mot, il ne peut y avoir ni milieu dans l’excès ou dans le défaut, ni excès ou défaut dans le milieu.

VII. Mais cela ne doit pas seulement se dire de la vertu en général ; il faut aussi qu’on puisse appliquer le même principe à chaque vertu en particulier. Car les raisonnements qui ont nos actions pour objet, quand ils sont très-généraux, ne peu-