Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/164

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d’abord, entre la crainte et l’audace, le vrai milieu, c’est le courage ; mais l’excès produit par la confiance, ou par l’absence de toute crainte, n’a point reçu de nom ; et il y a un assez grand nombre de passions qui sont dans ce cas. L’excès dans l’audace s’appelle témérité ; l’excès contraire, dans la crainte, où dans le défaut d’audace, se nomme lâcheté. Par rapport aux plaisirs et aux peines (non pas aux peines de toute espèce, et toujours dans un moindre degré), le milieu, c’est la tempérance ; et l’excès, la débauche. Au reste, il n’y a guères de gens qui pèchent par défaut, en fait de plaisirs : aussi n’a-t-on point imaginé de terme propre à les désigner ; appelons-les insensibles. À l’égard du penchant à donner et à recevoir de l’argent ou des présents, le juste milieu s’appelle libéralité ; et l’on désigne par les noms de prodigalité et d’avarice, l’excès ou le défaut relatifs à ce penchant. Mais ceux qui pèchent ainsi exagèrent en sens contraire : le prodigue a une facilité excessive à donner, et n’a pas assez de penchant à recevoir ou à prendre, tandis que l’avare n’a que trop de penchant à prendre, et n’en a pas assez à donner. Nous nous contentons, pour le moment, de cette esquisse imparfaite et sommaire, nous réservant de revenir, dans la suite, sur ce sujet, et de le traiter avec plus d’étendue.

    mêmes combinaisons, quoique dans un ordre un peu différent ; ce qui prouve encore que ces deux Traités sont en effet ou les premiers essais du philosophe grec, ou des ouvrages composés d’après le sien.