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LIVRE III.

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ARGUMENT.

I. On ne saurait traiter de la vertu, sans se faire une notion exacte de ce qui, dans nos actions, est volontaire ou involontaire. Or, tout ce qu’on fait par contrainte, ou par ignorance est involontaire : par conséquent, tout ce qu’on fait de son plein gré, et avec une entière connaissance, est volontaire. Le principe déterminant des actions volontaires est dans celui qui agit ; le principe déterminant des actions involontaires est hors de lui. En appréciant les actes, il faut tenir compte des conditions relatives aux personnes, aux circonstances, aux moyens, etc., qui font partie de toute action volontaire. — II. La préférence, ou détermination réfléchie, diffère, à quelques égards, de la volonté. Elle diffère aussi du désir, du vœu ou souhait, et de l’opinion. Elle suppose l’exercice de la raison et de la réflexion ; c’est-à-dire, la délibération, ou le pouvoir de délibérer. — III. Mais sur quels objets peut-on délibérer ? Ce n’est pas sur les choses nécessaires ou impossibles, mais seulement sur celles qui sont contingentes et possibles, et qu’il dépend de nous de faire, ou de ne pas faire. En général, la délibération est plutôt relative aux moyens d’exécuter une chose, ou d’atteindre à un but, qu’elle n’est relative au but lui-même. — IV. Quant à la volonté, a-t-elle pour objet le bien en soi, le bien absolu, ou seulement ce qui paraît tel à chaque individu ? Il semble que, dans l’homme raisonnable et vertueux, elle a, en effet, pour objet le bien véritable ; mais le vulgaire, appréciant facilement les choses sur le plaisir ou la peine qu’il eu éprouve, se trompe souvent sur ce qui doit être l’objet de la volonté. L’homme de bien est à lui-même comme la mesure et la règle de ce qu’il faut vouloir, ou ne pas