Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/180

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quelquefois difficile de discerner quel parti l’on doit préférer, ou si l’on doit s’exposer à tel inconvénient plutôt qu’à tel autre. Mais il est plus difficile encore de persister dans les résolutions qu’on a prises, car la plupart du temps on n’a que des peines à attendre d’une pareille constance ; et d’un autre côté, les actions qu’on est forcé de faire sont toujours peu honorables. De là l’éloge ou le blâme qu’on mérite, suivant qu’on a su résister à la contrainte, ou qu’on y a cédé.

À quels caractères donc reconnaîtra-t-on ce qui est l’effet de la contrainte ? N’a-t-elle absolument lieu que lorsqu’elle est produite par une cause extérieure, et que celui qui agit ne concourt en rien à son action ? Ou bien, dira-t-on qu’il y a des actes qui en eux-mêmes sont involontaires, mais qu’il convient, dans la circonstance présente, de préférer à d’autres, et dont le principe est dans celui qui agit ; en sorte qu’ils sont involontaires en eux-mêmes, mais volontaires par rapport à la circonstance présente, et à ceux auxquels on les préfère ? Ils semblent, en effet, être plutôt volontaires ; car les actions se rapportent toujours aux choses particulières, et celles-là sont volontaires. Mais il n’est

    Biblioth. l. 2, c. 6 et 7.)Le scholiaste d’Aristote (soit Aspasius, soit Eustratius)cité par Mr  Zell, rapporte deux vers de l’Alcméon d’Euripide, dont le sens est : « Mon père, au moment où, montant sur son char, il allait porter la guerre aux Thébains, m’a donné des ordres qui m’ont déterminé à faire ce que j’ai fait. »