Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/187

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non plus des préférences, bien qu’ils semblent s’en rapprocher davantage ; car les choses impossibles ne peuvent être l’objet ni d’un choix, ni d’une préférence, et celui qui dirait qu’il les choisit ou les préfère passerait pour un homme stupide ; au lieu qu’on peut souhaiter des choses impossibles, comme d’être immortel. On peut même souhaiter des choses qu’on ne serait nullement capable d’exécuter ou d’accomplir soi-même ; par exemple, souhaiter qu’un certain acteur ou un certain athlète remporte le prix ; mais personne ne dira qu’il choisit ou qu’il préfère des choses de ce genre ; il ne le dira que de celles qu’il croit être en état d’exécuter ou de faire par lui-même. D’ailleurs, un vœu ou un souhait se rapporte plutôt à la fin, tandis que, dans le choix ou la préférence, on a plutôt en vue les moyens. Ainsi, nous souhaitons la santé et nous préférons ou nous choisissons tout ce qui peut contribuer à nous la donner ; nous souhaitons d’être heureux et nous le disons ; mais ce serait s’exprimer improprement que de dire qu’on le préfère : car, en général, il semble que la préférence ne puisse avoir lieu que pour les choses qui dépendent de nous.

On ne peut pas dire non plus qu’elle soit une opinion : car l’opinion s’étend à toutes sortes de choses, aussi bien à celles qui sont éternelles et impossibles, qu’à celles qui dépendent de nous. C’est le vrai ou le faux qui fait la différence des opinions, et non le bien ou le mal, au lieu que la préférence a plutôt pour objet ces deux genres de