Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/213

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agréable : ceux donc qui n’agissent que par de tels sentiments, peuvent bien être belliqueux, mais ne sont pas courageux ; car ce n’est pas l’honneur, ni la raison, mais la passion qui les porte à agir. Cependant, il y a quelque ressemblance dans les résultats de ces causes diverses. Les hommes en qui l’espoir du succès entretient la confiance, ne sont pas non plus véritablement courageux : car, pour avoir souvent remporté la victoire sur de nombreux ennemis, ils sont pleins d’audace dans les dangers, et c’est par là qu’ils ressemblent aux hommes d’un vrai courage ; mais la confiance de ceux-ci se fonde sur les motifs que nous avons expliqués précédemment : au lieu que l’audace de ceux-là n’est entretenue que par la conviction qu’ils ont de leur supériorité, et par l’espoir de ne pas éprouver à leur tour le mal qu’ils entreprennent de faire aux autres. C’est à peu près ce qui arrive aux gens ivres ; car ils sont aussi remplis de confiance et d’espoir : mais, lorsque l’événement trompe leur attente, ils prennent la fuite, au lieu que le devoir de l’homme courageux est de se montrer inébranlable en présence de tout ce qui est ou qui paraît propre à inspirer de l’effroi ; parce qu’il y a de l’honneur à le faire, et de la honte à ne le faire pas.

Aussi trouve-t-on qu’il y a plus de véritable fermeté à conserver du sang froid et de l’intrépidité dans un danger subit et imprévu, que dans celui qu’on a pu apprécier à l’avance ; car le parti que l’on prend, en ce cas, semble tenir plus au caractère habituel, et moins à la réflexion. En effet,